Le collectif FWE considère que la restauration de la branche de Croix de la marque Rivière est nécessaire, notamment pour améliorer le paysage, améliorer les voies de circulation douce, dépolluer le lieu, enrichir la biodiversité et s’adapter aux changements climatiques à venir. Cependant, le projet proposé par la MEL est incomplet et ne permettra pas de répondre pleinement à ces objectifs.
Voici nos propositions, remarques et questions pour participer à son amélioration.
(Un résumé est disponible ici et vous pouvez le partager dans l’enquête publique)
Elles sont organisées en trois thèmes :
- Un projet pour les habitant.e.s et la nature, pas pour le béton
- Améliorer vraiment la circulation douce
- Dépolluer l’ensemble du site de manière définitive
1. Un projet pour les habitant.e.s et la nature, pas pour le béton
Nous sommes opposés à toute densification urbaine dans des villes comme Wasquehal, Croix et Villeneuve d’Ascq qui connaissent ces dernières années une explosion des constructions avec pour corollaire un recul de la végétalisation et une augmentation des prix du m² mais aussi des loyers.
Nous pensons que le projet doit uniquement permettre la création d’un nouvel espace naturel utile au cadre de vie et aux mobilités douces.
Or, le dossier évoque l’inscription du projet dans un renouvellement urbain (page 239 et 240). Cela n’est pas acceptable.
- La MEL doit garantir l’absence de construction de logements sur les terrains situés entre la branche de Croix et la Marque Rivière, que ce soit dans le Plan Local d’Urbanisme ou en contractualisant avec les propriétaires actuels de ces zones. En effet, non seulement, de nouvelles constructions casseraient la dynamique de renaturation du projet mais seraient aussi incompatibles avec l’objectif de la MEL de réduction de l’artificialisation des sols inscrit dans son plan climat (action 14).
Aussi, aucun impact négatif n’est évoqué dans le dossier sur le plan humain. Or, il y aura un impact sur les prix de l’immobilier existant et les loyers.
- La MEL doit mettre en place un suivi des loyers mais aussi des prix de l’immobilier dans le périmètre immédiat et réfléchir à des solutions afin de garantir au plus grand nombre la possibilité d’accès aux logements existants. Il ne s’agirait pas de lancer un projet qui ne maîtriserait pas ses impacts humains, et en premier lieu desquels l’accès au logement pour tous.
L’environnement communal déjà densément urbanisé connaît ces dernières années une explosion de constructions (voir le dernier projet de la Maillerie dans le périmètre immédiat du projet). Les conséquences : nouveaux îlots de chaleur et augmentation de la pollution aux particules (gaz d’échappement, chauffage domestique).
Ce projet doit être l’opportunité d’exploiter la plus grande surface végétale possible pour s’adapter aux changements climatiques et réduire la pollution (grâce aux fonctions d’ombrages, de puits de carbone, de filtration/fixation de la végétation).
- L’enquête publique évoque une végétalisation mais ne précise rien sur sa nature et ses localisations. Nous lui demandons de préciser son projet sur ces deux points. La MEL a pour objectif dans son plan climat un important effort de boisement et de développement des espaces naturels pour séquestrer le carbone. Le projet doit prendre en compte cet objectif.
- L’enquête publique n’évoque pas les dérèglements climatiques en cours et à venir. Nous demandons donc de les prendre en compte et notamment de préciser dans quelles mesures les aménagements permettront de luttre contre les îlots de chaleur mais aussi de préciser en quoi la “renaturation” envisagée sera résiliente face aux changements climatiques à venir. La MEL a pour objectif dans son plan climat d’adapter l’agencement du territoire pour lutter contre les îlots de chaleur urbains. Cet objectif doit être pris en compte.
- Des arbres matures sont présents en nombre sur la branche. Nous demandons à ce que leurs fonctions environnementales majeures soient préversées et protégées pendant la période des travaux.
- Aucun accord n’a été trouvé avec le centre Hippique Roubaix équitation pour la mise à ciel ouvert de la branche sur le tronçon 1. Cela casse la dynamique du projet, notamment pour la biodiversité, la continuité piscicole mais aussi la circulation douce. Nous demandons à la MEL de trouver un accord afin d’ouvrir la branche de Croix sur toute sa longueur et notamment au niveau du centre Hippique Roubaix équitation. Sans cet accord, le projet n’entre pas dans les objectifs du plan climat de la MEL de réduction de l’artificialisation des sols.
- De même, le tronçon 3 de la branche de Croix ne sera pas rouvert en raison d’un énorme projet immobilier (projet de la Maillerie) construit trop près des jardins privés existants. Ce grand projet immobilier sera l’un des premiers bénéficiaires du tronçon 4, “l’un des plus spectaculaire du projet “ avec deux passerelles qui relieront le site de la Maillerie au centre-ville de Croix. Nous demandons à la MEL de trouver une solution pour l’ouverture du tronçon 3 sur une largeur intéressante pour la biodiversité et la circulation douce. Sans cette ouverture, le projet n’entre pas dans les objectifs du plan climat de la MEL de réduction de l’artificialisation des sols.
Le retour et le développement d’une flore et d‘une faune locale riche et diversifiée présente aussi un intérêt éducatif qu’il ne faut pas négliger. Or le volet éducatif est absent de l’enquête publique.
- Nous demandons à la MEL de prendre en compte un volet sensibilisation indispensable à la préservation d’un lieu comme celui-ci. Cela permettra d’améliorer les connaissances des futurs usagers sur la qualité de l’eau de la branche et sur sa biodiversité, en les liant au passé industriel du lieu mais aussi aux sources de pollution modernes. Aussi, cela permettra de mettre en conformité le projet avec les exigences du Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) du bassin Artois-Picardie qui précise : “La sensibilisation et l’éducation à l’environnement sont des démarches indispensables. Elles permettent au public et aux aménageurs d’acquérir les connaissances nécessaires entraînant une adaptation de son comportement mais également une participation plus efficace et responsable pour préserver l’environnement. La pleine adhésion du public est primordiale pour la réussite des actions à entreprendre de manière à répondre aux objectifs environnementaux du SDAGE.”
Améliorer vraiment la circulation douce
La rénovation du secteur créera un axe de promenade agréable dans un espace naturel restauré. Mais l’enquête publique semble ignorer que la voie actuelle est déjà un axe de mobilité douce entre les villes de Wasquehal et Croix.
- La MEL a-t-elle prévu, durant les travaux, les dispositifs permettant à cette voie de rester ouverte à la mobilité douce ?
- Aussi, nous demandons à la MEL l’aménagement des deux berges de la branche de Croix de la Marque pour que les fonctions de loisirs et de mobilité douce cohabitent dans la fluidité la plus large. Cela permettra aussi au projet d’être en conformité avec les objectifs du Schéma de cohérence territoriale (SCOT) de la MEL qui prévoit de porter la part modale du vélo à 5% d’ici 2030.
De plus, la restauration de la branche offre de nombreuses et nouvelles opportunités de connexion pour vraiment améliorer la circulation douce.
- Seulement, aucune carte n’est fournie dans l’enquête publique concernant les futurs accès à la branche pour les usagers. Où seront placés exactement les accès à la branche ? Seront-ils compatibles avec les objectifs du Schéma de cohérence territoriale (SCOT) de la MEL qui prévoit de porter la part modale du vélo à 5% d’ici 2030 ?
- Nous proposons :
- La rénovation de l’accès actuel situé au croisement de l’avenue Jean-Paul Sartre et Avenue de l’Europe, pour tous les usagers (piétons, cyclistes, PMR) .
- La connexion du chemin de halage à la gare de Croix Wasquehal par l’impasse du Pétrole pour offrir une alternative au « tout-routier ».
- Une prolongation de la voie verte en bordure de l’eau sous le nouveau pont prévu rue Jean Jaurès pour éviter aux cyclistes et piétons de traverser la rue
- La création d’une passerelle entre le Stade Cassin à Villeneuve d’Ascq et la Résidence Domitys à Wasquehal pour permettre une continuité de circulation le long de cette partie de la Marque entre les deux communes.
Dépolluer l’ensemble du site de manière définitive
Pour une dépollution efficace à long terme, la MEL doit :
- Trouver une solution (bassin de rétention) à la pollution provenant des eaux de pluie (plomb, nickel notamment) qui ruissellent à travers la ville et se retrouvent dans la branche lors des orages. Sans cela, la pollution de la branche continuera.
- Trouver une solution au lessivage par les pluies des sols pollués autour de la branche qui entraînera de nouvelles pollutions de celle-ci. Cela signifie qu’il faut dépolluer les sols autour de la branche et notamment les zones à dominante humide qui nous rendront de généreux services à l’avenir (gestion des crues de la Marque, traitement de l’eau).
D’après l’enquête publique, un suivi environnemental dont les critères restent à préciser sera mis en œuvre, en concertation en particulier avec les financeurs tel que l’Agence de l’Eau.
- Nous demandons à la MEL de mettre en oeuvre le suivi environnemental en concertation avec les habitantes et les habitants, eux aussi, indirectement financeurs du projet. En particulier, rendre ce suivi accessible en ligne pour les citoyennes et les citoyens. Que ce soit l’inventaire régulier faune/flore ou le suivi régulier de la qualité des eaux.