11 novembre 2023 : notre monument aux morts a 100 ans !

Lors de nos déplacements quotidiens, nous passons devant les monuments urbains parfois sans se rendre compte parfois de leur présence, du moins de leur sens. Devant l’école Pierre Lefèbvre pourtant depuis quelques semaines, on s’interroge, mais où est passée la statue de notre monument aux morts ? L’occasion de revenir sur son histoire…

Wasquehal, une ville occupée

Durant la Première guerre mondiale, la ville de Wasquehal subit l’occupation allemande comme les autres villes du Nord de la France. Pénuries, réquisitions diverses, exode des populations, déportation du maire, la guerre s’inscrit dans le quotidien des habitants de la ville.

Journal de Roubaix 05/09/1914

Se souvenir des morts

La sortie de guerre est marquée par le deuil profond des familles et la construction du souvenir collectif notamment par la mise en place de monuments commémoratifs.

L’État soutient l’entreprise de mémoire grâce à la loi du 25 octobre 1919 sur la « commémoration et la glorification des morts pour la France au cours de la Grande Guerre » qui prévoit une subvention dont le montant varie notamment en fonction du nombre de soldats morts par rapport à la population totale de la commune.


Journal officiel, loi du 25 octobre 1919

Un projet municipal

Le projet doit être validé en conseil municipal puis recevoir l’accord de la préfecture.

Le 29 janvier 1923 le conseil municipal de Wasquehal vote les crédits pour le monument aux morts de la patrie en détaillant la part de la subvention de l’État : la ville a perdu 150 de ses « enfants » sur un total de 7089 habitants en 1914 ce qui permet une aide de l’État à hauteur de 3581 francs pour un prix de revient à 32559 francs.

Un comité est alors mis en place, composé de notables locaux et souvent d’anciens combattants, il est présidé par M. Lepers. Le comité est alors chargé de choisir l’auteur et le projet du monument mais aussi la cérémonie d’inauguration. Le président du comité remet de manière solennelle le monument au maire de la ville.

Le projet de monument est confié à l’architecte Arthur Lepers et au sculpteur Edgar Boutry auteurs de nombreux monuments aux morts dans la région.

Edgar Boutry


Edgar Boutry dans son atelier

Le monument

Si certaines communes occupées choisissent de rendre hommage aux victimes civiles, le comité de Wasquehal opte pour la figure traditionnelle du poilu sur son piédestal, fantassin à l’assaut, célébration de l’héroïsme du combattant loin des témoignages d’horreur des anciens combattants. La dédicace sur le piédestal «  Wasquehal, à ses enfants morts pour la liberté » rappelle la signification politique du monument.

L’année 1923 par ailleurs est marquée par plusieurs inhumations de corps retrouvés.

La mairie sollicite les familles pour vérifier l’orthographe des noms des victimes avant que la gravure officielle ne soit réalisée.

L’inauguration

Le 17 septembre 1923, à Wasquehal, la journée est entièrement consacrée aux soldats morts pour la France.

Des monuments individuels ont été érigé sur les tombes des soldats de la commune, l’abbé Delcambre célèbre un service spécial en l’Église Saint-Nicolas. Henri Détailleur, maire de la ville, reçoit le représentant de la préfecture, des autorités militaires, les associations d’anciens combattants.

À 14h30, les associations d’anciens combattants, les représentants des autorités se rassemblent place Fénelon pour entendre les différents discours. La foule est nombreuses, l’émotion profonde. Dans la soirée de nombreuses sociétés animent les différents quartiers de la ville, un feu d’artifices vient clore la journée consacrée à la mémoire de la guerre.


Journal de Roubaix, 17 septembre 1923

Aujourd’hui

Depuis, le monument a été déplacé face à l’école Pierre Lefevre, les noms des soldats ont été ajoutés au fil des conflits de la France contemporaine.

Le monument sous la neige