(Histoire) Théodore Hannart, souvenirs de guerre, 1916

Faisons Wasquehal Ensemble vous partage quelques souvenirs de guerre de Théodore Hannart, teinturier de la ville, célébré en Septembre 2022, lors des 100 ans de la caserne des pompiers.

Au front dès 1914, bléssé en 1915, il écrit ses souvenirs en 1916. Théodore Hannart y décrit les conditions de vie effroyables des soldats :

“La fatigue devient extrême, le sommeil l’emporte, et me brise littéralement; je marche pesamment, inconsciemment ,comme une vraie brute, maintenant.”

“Ces 1eres nuits dans les tranchées, sans abri, sans couverture, sans toile de tente, presque tous les hommes étant dépourvus de veste et de lainage, ont été très dures. (…) Les hommes grelottaient sur place, engourdis, transpercés par l’humidité, abattus par le sommeil “

“Je suis logé avec ma section sous un hangar qui donne, sans obstacle, sur la plaine. Bonne paille abondante…..mais à quoi en sommes-nous ? dormira-t-on en paix ? nous sommes si épuisés….;guère rassurés cependant le sommeil l’emporte et nous terrasse”

“Réveillés avant le jour, nous nous secouons pour sortir de notre torpeur …; (…)Rien à se mettre sous la dent ,que quelques pommes de terre cuites sous la cendre, et partagées entre camarade. Enfin, avant le départ, un peu de pain : un pour quinze “

“ravitaillement une seule fois par jour, le matin ou le soir : traditionnel riz-au-gras, et bouilli désespérément froid … quand il arrivait ! et combien réduit par les km dans le marais et les boyaux d’accès remplis d’eau, et duremont marmités. C’était la vraie dure misère…”

Il y narre aussi la mort des camarades de tranchées :

“Sa blessure est horrible; un gros éclat a pénétré dans l’abdomen, et le malheureux s’efforce de maintenir avec les mains, les intestins qui sortent par l’ouverture; le sang coule à flots. (…)”

“je l’étendis sur la sol, mais bientôt je sentis qu’il était perdu. Il devenait Iivide, ses dents se serraient, ses yeux se retournaient, et pendant ce temps-Ià les obus continuaient de pleuvoir sur nous.”

“Le Commandant du secteur fit tirer sans hésiter, dans le tas, par nos batteries de 75, postées au bord même du pont, presque à bout portant; ce fut un horriblecarnage …. le pont fut sauvé à ce prix. Tout le long du canal, et de la voie ferrée c’était un véritable cimetière. “

Soldat de Wasquehal mort au front
Soldat de Wasquehal mort au front
Tombe du cimetière du centre avec l’inscription “Tombé glorieusement pour la France”, le 17 Novembre 1916

Il décrit aussi les territoires traversés :

“Les ravages du bombardement, au bourg voisin,St-Léonard,sont encore plus terribles;(…) ce ne sont plus que ruines, pignons à moitié écroulés, portiques béants, isolés, anciens portails de ferme,(…) piliers de maçonnerie informes.”

Affiche de propagande

A travers ce témoignage, on retrouve les conditions des combats, la peur,la douleur, la boue, la faim, la mort omniprésente, les ordres incohérents… Ces souvenirs de guerre participent dela mémoire et à la volonté de paix.

Vidéo de partage des souvenirs de guerre de Théodore Hannart